Des villes pour le climat

Posted by | avril 09, 2022 | All | No Comments

La contribution du Groupe de travail III au sixième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) vient d’être publié. Il présente notamment quelles sont les stratégies qui sont plus ou moins efficaces, du point de vue scientifique, pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Les stratégies à développer concernent tous les aspects de notre vie, que ce soit la planification urbaine, la construction et l’utilisation des bâtiments, l’aménagement des espaces publiques, les transports, les sources d’énergie utilisées, l’agriculture et l’alimentation… Voici un extrait traduit en français de ce rapport qui s’adresse tout particulièrement aux responsables de la construction et de l’aménagement des villes.

Selon les experts, « les villes, et plus largement les zones urbaines, peuvent créer des opportunités pour accroître l’efficacité des ressources et réduire considérablement les émissions de GES.

Trois grandes stratégies s’avèrent efficaces lorsqu’elles sont mises en œuvre simultanément : i) réduire ou modifier l’utilisation de l’énergie et des matériaux vers une production et une consommation plus durables ; ii) l’électrification en combinaison avec le passage à des sources d’énergie à faibles émissions ; et iii) améliorer l’absorption et le stockage du carbone dans l’environnement urbain, par exemple grâce à des matériaux de construction « bio-sourcés », des surfaces perméables, des toits verts, des arbres, des espaces verts, des rivières, des étangs et des lacs.

Un nombre croissant de villes fixent des objectifs climatiques, y compris des objectifs de zéro émissions nettes de gaz à effet de serre (GES). Compte tenu de la portée régionale et mondiale des modes de consommation urbaine et des chaînes d’approvisionnement, le plein potentiel de réduction des émissions urbaines ne peut être atteint que lorsque les émissions au-delà des limites administratives des villes sont également prises en compte. L’efficacité de ces stratégies dépend de la coopération et de la coordination avec les gouvernements nationaux et infranationaux, l’industrie et la société civile, et de la capacité des villes à planifier et à mettre en œuvre des stratégies de « mitigation ». Les villes peuvent jouer un rôle positif dans la réduction des émissions dans les chaînes d’approvisionnement qui s’étendent au-delà des frontières administratives des villes, par exemple grâce aux règlements et aux normes de construction ainsi qu’au choix des matériaux de construction.

Les approches de conception intégrée de la construction et de la rénovation des bâtiments ont conduit à de plus en plus d’exemples de bâtiments à énergie zéro ou à zéro carbone dans plusieurs régions. Cependant, les faibles taux de rénovation et la faible ambition des bâtiments rénovés ont entravé la diminution des émissions. Les actions en faveur de la « mitigation » au stade de la conception comprennent la typologie, la forme et la multifonctionnalité des bâtiments pour permettre d’ajuster la taille des bâtiments aux besoins changeants de leurs utilisateurs et de réaffecter les bâtiments existants inutilisés pour éviter d’utiliser des matériaux à forte intensité de GES et des terrains supplémentaires. Les actions en faveur de la « mitigation » comprennent : lors de la phase de construction, des matériaux de construction à faibles émissions, une enveloppe de bâtiment hautement efficace et l’intégration de solutions d’énergie renouvelable ; en phase d’utilisation, des appareils/équipements à haut rendement, l’optimisation de l’utilisation des bâtiments et l’approvisionnement en énergie à faible émission de GES ; et lors de la phase d’abandon, le recyclage et la réutilisation des matériaux de construction. »

Des villes suisses comme Lausanne se sont résolument engagées pour le climat. Mais selon les experts du GIEC, leurs actions déploieront leur pleine efficacité que si ces villes rallient les autres communes de l’aire urbaine et si elles bénéficient des leviers qui pourront être mis en place par le Canton, voire la Confédération (ex. aides financières au remplacement des chaudières à combustible fossile, révision des normes de construction, modification de la LAT) et du soutien de la société civile (ex. acceptation de parcs éoliens, transfert modale volontaire). Dans cette lutte où l’on joue contre la montre, tous nos efforts doivent se conjuguer pour réussir à maîtriser le réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques pour l’avenir de la planète.

Source : IPCC (2022). Climate Change 2022 – Mitigation of climate change. Summary for policycmakers. WMO, UNEP : 39-40.